Bon, allez, cette fois-ci je me lance. Taguée une première fois, je n’ai pas vraiment donné suite. Ce soir, histoire de procrastiner sur un dossier lourd au travail, je réponds à la question,
parce qu’en fait elle n’a cessé de me turlupiner depuis un moment. Cet été, j’ai effectué une petite visite chez un couple d’amis parisiens, dont la dame est une bloggeuse de cuisine. En discutant blogs, et sentant la crise de sens, elle m’a dit que le canapé de la salle de séjour sur lequel j’étais assise avait déjà servi de lieu de psychanalyse pour bloggeurs, et que j’étais bienvenue si je voulais y revenir.
Pourquoi j’ai commencé en novembre 2006, à Londres :
• Par absence de stimulation intellectuelle dans le travail. Je surcompensais par des soirées passées à lire les journaux, repasser sur mes livres et découvrir des articles académiques.
• Par besoin d’écrire. Je tire une inexplicable profonde satisfaction du travail d’écriture. A côté, toute autre activité (sauf quelques cas ayant trait aux plaisirs des sens, artistiques et culinaires) me parait insipide, ennuyeuse, insupportable. Le format très libre du blog me permettait de faire ce que je voulais, quand je voulais, comme je voulais.
• Pour cadrer mes idées, le cadrage étant l’étape préliminaire de la pensée. Cette dernière m’échappe, en général, par contre…
• Par opportunisme professionnel. Je cherchais du travail dans le domaine que je traite dans ce blog. En fait, ça m’a servi !
• Par esprit de contradiction. Elevée dans un moule intellectuel à la fois conservateur et très « socialiste », au lycée en Allemagne comme a l’université en France, je tenais à prendre le contre-pied. J’ai quitté Paris in 2004 pour reprendre des études après deux malheureuses années passées à travailler dans le service stages et emploi de Sciences Po Paris et à me demander de quoi était faite ma vie. Je ne voulais qu’une chose : Autre Chose ! J’ai découvert la pensée libérale sur le tard à la LSE et j’ai vécu l’économie de marché plus libre du Royaume Uni en travaillant à Londres. On me dira : voici un cas de lavage de cerveau opéré par les élites capitalistes mondiales. Soit. Je ne m’en porte que mieux.
• Pour choquer mes amis. La plupart, même britanniques ou américains, ont les idées reçues habituelles sur la mondialisation, le capitalisme, etc. Alors j’essayais d’expliquer.
• Par passion pour la campagne présidentielle en France. Etant donné l’emploi (sa nature et l’institution dans laquelle je l’exerçais) occupé avant mon échappée londonienne, mainmise de l’Etat et dysfonctionnements du marché de l’emploi en pays gaulois, ça me connait !
• Comme mon taggeur Alexandre Delaigue, par narcissisme combiné à une forte timidité.
Pas tout à fait deux ans plus tard, à Bruxelles….Quelques éléments ont disparu :
• L’absence de stimulation intellectuelle dans le travail – fini!. Un think tank tout nouveau avec des chefs-collègues exigeants et intéressants, ça fait carburer les neurones. Conséquence : des baisses d’énergie quand je parviens à penser au blog. Je travaille de bien longues heures. Le soir, je ne souhaite qu’une chose : être loin d’un ordinateur !
• Londres. Eh oui, Bruxelles, c’est gris! Il pleut plus qu’à Londres (faut le faire !), la bureaucratie européenne règne de sa couleur grise, et le pays est en décadence. (J’ai quand même trouvé du bon : la bonne bière, l’histoire de l’art et architecturale, ainsi que le design flamand, et puis des gens sympa de toutes nationalités, la belge incluse).
• La campagne présidentielle en France est terminée. J’attends de faire mon bilan définitif sur Sarko. Je joue déjà avec l’idée d’un billet sur « Les réformes : tout change pour que rien ne change »
• L’envie de choquer mes amis. C’est fait, entretemps. Je ne les choque plus. Ceux qui ne supportent pas ne me lisent pas.
Alors, pourquoi je continue de bloguer ? Toujours : pour cadrer mes idées. Par goût de l’écriture, par narcissisme. Le blog est mon espace de liberté. Au debut, mon nouvel employeur a insisté pour que je mette un lien sur la page de lancement du site d’ECIPE. C’était affreux, je me sentais obligée, et subrepticement surveillée, bien que ce n’était pas dans l’intention de cette institution. Au contraire, c’était pour me promouvoir. Mais ca n’allait pas. J’ai demandé à ce qu’on enlève ce lien, notamment suite à une remarque ou deux visant à me faire des recommandations, tout à fait bien intentionnées. Mais depuis, ça va mieux. Et le blog s’en porte tout aussi bien ! Suite a mon commentaire sur son nouveau livre, j’ai par exemple reçu de chalereux remerciements d’Arvind Panagariya himself.
Ce blog a ses défauts : mes billets sont trop longs. Ils sont de plus en plus sérieux, et difficilement abordables pour non-initiés à l’économie ou au sciences politiques. En ce moment, je lis beaucoup de livres, alors je ne suis pas constamment dans l’actualité. Les textes sont trop légers pour les académiciens, trop difficiles pour le commun des mortels. Global Conditions n’est pas très interactif. Eternels dilemmes. Mais bon, that’s me. Tout simplement.
Quant aux bloggeurs à taguer, dur dur ! Je continue dans ma lancée du « je n’en fais qu’a ma tête » et n’en propose qu’un. Je me risque, avec probablement peu de chances de succès, avec Philippe Legrain. Philippe est un bloggeur-journaliste connu, Britannique de père français et mère américano-estonienne. Il est un jeune auteur de deux ouvrages, l’un sur la mondialisation, et l’autre sur l’immigration. Histoire de faire honneur à ce que j’ai toujours voulu défendre et représenter : un monde ouvert.
September 16, 2008 at 6:20 pm
Ça sonne tout logique et je suis curieux de lire ton blog. En plus de provoquer, tu essaies aussi d’écrire l’inattendue (pour toi-même) ?
Un saludo desde Ámsterdam
PS1: I have another blog in English: http://www.fondad.blogspot.com
PS2: En general escribo un poco al lote (en el blog en español) por gusto a la libertad y a las asociacionesm y para provocar un poco a mi mismo.
November 16, 2008 at 9:00 pm
Pourquoi ce site Web n’ont pas l’autre appui de langues ?